Le jeu des alliances inconscientes

Peut-être avez-vous ressenti l’étrange impression que le courant passait bien entre vous et une autre personne ?

De vous dire au fond de vous même que vous ne la sentez pas du tout ? Qu’elle ne vous revient pas ?

Derrière ces sentiments, pensées, la psychanalyse a mis en lumière des processus très particuliers qui s’activent lorsque nous croisons d’autres personnes : elle les a appelés « Alliances inconscientes ».

Elles s’animent aussi quand vous choisissez un coach, un médecin ou un psychologue.

De leur subtil fonctionnement, vous vous choisirez et avancerez ensemble ou non.

D’une manière générale, faire alliance c’est dans un but particulier, en vue de réaliser quelque chose.

Par réciprocité, elle apporte de part et d’autre ses bénéfices. Parfois, la balance est déséquilibrée. Je peux donner plus que je ne reçois et cela me déçoit. Le pire est que le fruit de cette alliance – à mon désavantage- était joué d’avance !

Bien sûr, en cabinet, mon client va me dire que cela n’est pas de sa faute.

Tout s’est joué à l’insu de son plein gré.

Eh ! Oui ! Les relations sont parfois jouées d’avance car nous ne maîtrisons pas nos processus inconscients d’alliance entre moi et le monde extérieur.

Nous pouvons aujourd’hui rejouer avec l’autre une alliance qui trouve sa source dans notre plus tendre enfance.

Une alliance se noue entre la mère nourricière et l’enfant et entre celui-ci et son père. Fondée sur la protection, le gîte et le couvert en échange d’une obéissance aux règles de la famille, de sa culture, de ses tabous parfois multigénérationnels.

Mais les alliances sont aussi faites pour être rompues au nom d’une trahison salvatrice pour sortir du clan familial ou social.

L’adolescence est un moment fort de remise en cause des alliances : « Ma fille, avec tout ce qu’on a fait pour toi, tu nous tournes le dos !!! ».

Tout au long de notre enfance, nous intégrons des schémas d’alliance que nous pourrons copier/coller ou trahir.

Comment être soi quand enfant et dépendant nous n’avons d’autres alternatives que de dire oui ? ; parfois en refoulant l’envie de dire non pour protéger son moi narcissique en devenir.

Quand elles sont inconscientes, elles nous ramènent parfois à des scénarios de rencontres douloureux et destructeurs.

Aussi, elles nous conduisent aussi à reproduire des comportements de l’un de nos parents ou d’une figure tutélaire admirée.

Enfin, elles se jouent de nous dans notre famille, dans notre couple ainsi qu’au travail avec sa cheffe ou ses collègues.

Dans une séance de coaching ou de supervision, la nature et l’imbrication complexe des alliances inconscientes porteront les phénomènes projectifs et transférentiels.

Si le travail psychanalytique permet de les faire émerger et faciliter notre compréhension de soi au monde, les différentes formes d’accompagnement les animent aussi.

Je ne pourrais pas terminer ce petit topo sans évoquer les alliances conscientes que nous posons avec les autres : Ouf et Chouette ! Ça, c’est quand même cool ! Le tout est de savoir si elles sont vraiment libres des mécanismes inconscients. Mais ceci est une autre histoire !

Et vous, avez-vous eu le sentiment de pouvoir ressentir la nature de l’alliance qui vous lie à quelqu’un ? Et si oui, qu’en faites-vous ?

A écouter en Podcast sur Radio rcf

https://www.rcf.fr/economie-et-societe/mieux-vivre-son-travail?episode=586553