Transmettre ses compétences et savoir les recevoir
En ce temps de rentrée scolaire, j’ai envie de partager une réflexion sur la question de la transmission des compétences en tant qu’enseignant et pédagogues en général.
Un sujet qui interroge souvent les enseignants qui me consultent.
Ce topo s’adresse aussi aux parents fortement concernés par l’éducation de leurs enfants et la transmission de comportements et des savoirs souhaités.
Je vous invite à écouter ou lire le précédent sur la délégation qui aborde les cycles de l’autonomie de la personne développée par Katherine SYMOR.
En résumé
Nous passons de la dépendance : « Je ne peux pas ou sais pas faire sans l’autre » à la contre-dépendance : « Je m’oppose et je vais chercher (ou pas) ma propre manière de faire ». C’est la crise d’adolescence!
Puis vers celle de l’indépendance : « Je sais faire seul et je vais vous le prouver » qui ouvre à celle de l’interdépendance : « Je partage, je coopère et ce faisant j’accrois mes propres capacités ».
La cinquième, celle de l’alter-dépendance : « Je ne sais plus, je ne peux plus ». Celle de la reconversion forcée pour invalidité ou incapacité professionnelle. Des temps de réapprentissages et donc de réenclenchement du cycle de l’autonomie…
Les étapes pas à pas
Dans la première étape, le pédagogue enseigne le quoi et le comment le faire. Il transmet à l‘apprenant sa manière de faire. Les consignes, les vérifications et les corrections doivent être précises et exigeantes.
Dans la 2ème étape, l’élève explore d’autres manières de faire. Pour l’enseignant, il se trompe, voire « désobéit ».
Cependant, il doit accepter l’erreur ou une façon de faire différente. Il s’agit de porter l’attention sur le résultat plutôt que sur e geste, se défocaliser du « Comment faire » pour amener l’apprenant à réfléchir à : « Qu’est-ce que tu apprends de cette erreur ? Comment faire autrement la prochaine fois ? ». Et il arrive aussi que l’apprenant réussisse.
L’enseignant (ou le parent) se heurte alors à son égo, à sa toute-puissance sur les savoirs en bousculant de vieilles positions égotiques.
Le pédagogue va alors avoir fortement besoin de reconnaissance de son élève. Il doit faire le deuil de la relation maître/élève et de la singularité de sa compétence.
A la 3ème étape, l’autonomisation se poursuit. L’élève (ou l’enfant) ressent la nécessité de mettre en œuvre cette compétence sans la présence et sans la surveillance de son enseignant (ou de son parent). Il nourrit ainsi ses besoins de réalisation, d’indépendance et d’estime de soi.
L’enseignant et l’élève doivent élaborer un contrat clair sur les temps de compte rendu et de feedback.
Dans la 4ème étape, l’élève devient un partenaire, un alter ego dans la mise en œuvre du savoir ou du savoir-faire. C’est le temps de l’apprentissage mutuel et d’une croissance mutuelle des compétences.
L’enseignant a alors besoin que son élève le reconnaisse dans son apport pour de son côté faire le deuil de cette nouvelle étape.
Cette reconnaissance est fondamentale car sans elle, l’enseignant, le tuteur, le parent ne peut pas transformer le sentiment de frustration en sentiment de joie à la vue de cet apprenant qui a grandi sur le chemin de l’autonomisation.
On comprend que le processus d’apprentissage bouleverse naturellement un certain ordonnancement des habitudes, des croyances tant chez l’élève (ou l’enfant) que chez l’enseignant (ou le parent).
J’aime souvent à prendre l’image de Saint Joseph qui accompagna son fils Jésus à devenir pleinement qui il est, plus grand que lui…
Et vous, quel pédagogue êtes-vous ?
Et aussi quel apprenant êtes-vous ?
Savez vous reconnaitre les mérites de vos enseignants (ou parents) dans le chemin de l’autonomie ?
A ÉCOUTER EN PODCAST SUR RCF HAUTE-LOIRE
https://www.rcf.fr/economie-et-societe/mieux-vivre-son-travail?episode=523310
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